jeudi 29 avril 2010

Amérique latine, l'espoir

Quand Emmanuel m'a appris le "verdict de Rosario", Argentine, j'ai proposé à Stella d'écrire un article à ce sujet.
Stella s'était rendue dernièrement à Rosario, pour témoigner, contre des tortionnaires de la dictature des années 70.
Le verdict était enfin tombé, exemplaire. Ce fut l'objet de ma chronique du 25 avril 2010, publiée sur Youphil.
Tortures, la voix des victimes

Réclusion à perpétuité
Un verdict historique et porteur d'espoir pour toutes les familles et proches des victimes des dictatures en Amérique latine, voire dans le monde. A Rosario, c'était le premier procès, d'une sinistre série.

En écrivant cet article, je me suis souvenue des différentes rencontres, au cours de ma vie, avec des exilé-es, Chili, Argentine, Brésil, Bolivie...
Et puis, la musique des Andes qui nous est arrivée avec les Quilapayun

Et aussi la musique d'Argentine, avec le Quarteto Cedron qui régulièrement participait à des concerts de soutien à l'Amérique latine, portant les poèmes de Pablo Neruda. Je me souviens aussi les avoir entendus jouer lors d'un concert de soutien aux classes vertes de l'école Vitruve ... je crois bien que l'un d'eux a eu un enfant scolarisé à Vitruve ...

Et puis le cinéma s'en est mêlé, avec des films primés : Missing, de Costa Gavras, Tangos ou l'exil de Gardel, de Solenas, et dernièrement, un magnifique film brésilien, l'année où mes parents sont partis en vacances. En sortant de ce film, je m'étais demandée pourquoi au Brésil, le nombre de morts et de disparus sous la dictature avait été moindre qu'en Argentine ou au Chili.
Pourtant, la dictature s'était abattue sur le Brésil aussi. Je me souviens de cet ami, avocat brésilien, qui avait défendu les opposants sous la dictature. Un jour, que je parlais du Brésil avec Rui Frati, le directeur du Théâtre de l'Opprimé, j'avais appris que c'était lui qui avait aidé sa famille à partir du Brésil en 1975. La dictature tombée, il a été ministre de la justice ...

La politique réserve parfois des surprises ...

Au moment où j'écrivais cet article, des milliers de manifestants descendaient dans la rue pour soutenir le juge Garzon, manifestations en Espagne mais aussi à Buenos Aires. Car c'est le même juge Garzon qui avait lancé un mandat d'arrêt contre l'ancien dictateur chilien Augusto Pinochet. Le même juge Garzon qui avait enquêté sur la disparition de milliers de personnes en Espagne pendant la dictature du général Franco, crimes amnistiés par une loi de 1977.
A Madrid les manifestants ont demandé : pourquoi les victimes de Franco ont moins de droits que les victimes de Pinochet ?
Et de fait, le problème est posé : dans certains pays, les gouvernements ont préféré faire voter des lois d'amnistie plutôt que juger les dictateurs et tortionnaires.

En Argentine, les Mères de la Place de Mai se sont appuyées sur la demande du juge Garzon pour obtenir l'annulation de la loi d'amnistie.

Aujourd'hui, la rue en Espagne demande l'annulation de la loi d'amnistie.

Je ne sais combien il y a d'exilé-es qui ont fui les dictatures d'Amérique latine et qui se sont installé-es à Paris.

Ce que je sais, c'est que le verdict a été accueilli avec soulagement et espoir, partout dans le monde.